La toile botanique n° 87
Au nom de Darwin
Les botanistes se devaient de rendre hommage à Darwin qui a tant apporté à leur discipline. En parcourant la toile, découvrons les plantes qui lui ont été dédiées.
Pour cette chronique, La Garance vous propose de partir sur les traces de Darwin. Charles Darwin a incontestablement fasciné des générations de naturalistes en général et de botanistes en particulier. Certains d’entre eux ont voulu, en lui dédiant des plantes, honorer la mémoire de ce maître. Le www est l’endroit idéal pour partir à la recherche de ces hommages. Ce récit de navigation permettra donc de revisiter certains sites botaniques classiques pour ce genre de recherche, puis de partir découvrir des plantes dédiées au grand homme et des sites qui en parlent.
Tout nom de plante est composé de deux mots, le premier est le nom de genre, le second celui de l’espèce, comme chez Homo sapiens ou Canis lupus. Pour chercher un nom de genre botanique, l’outil le plus performant reste l’Index Nominorum Genericorum, qui, malgré son nom latin, est en anglais [1]. Plusieurs genres ont été dédiés à Darwin, mais bien peu sont encore utilisés. Le nom de Darwinia a été donné à une Lauracée et aussi à une, Fabacée, mais l’usage de ce nom n’est légitime que pour des arbustes australiens de la famille du myrte. Ces arbustes ressemblent un peu à des bruyères et sont bien jolis [2] et [3]. Malheureusement la plupart de la trentaine d’espèces connues pour ce genre sont en danger ou proches de l’extinction.
Le nom de Darwiniella sonne bien à notre oreille française, et désignait le genre d’un groupe d’orchidées sud-américaines. Désignait, car les orchidophiles ont jugé que ces plantes devaient plutôt être rangées dans le genre Trichoceros…ce qui sonne moins bien. Des images de ces plantes se trouvent, par exemple, sur un site péruvien, commercial mais richement illustré [4]. On en trouve aussi sur le site d’un projet coopératif brésilien, le projet Orchidstudium, qui se propose de fédérer les recherches et les connaissances sur les orchidées du Brésil (en anglais) [5]. Curieusement, mais ça arrive régulièrement en nomenclature du vivant, le nom de Darwiniella a aussi été donné à une balane, un drôle de crustacé marin qui vit fixé, protégé par une coquille faite de plusieurs plaques. Toujours parmi les orchidées, et il faut se rappeler que Charles Darwin avait un intérêt particulier pour ces plantes, existe le genre Darwiniera. Une façon inattendue de découvrir cette fleur est de feuilleter l’herbier philatélique [6]. Cette cyber-collection de timbres est réellement étonnante et riche ; elle illustre même des plantes fossiles !
Le dernier nom de genre honorant le grand naturaliste anglais est Darwiniothamnus. Il a été donné par le botaniste contemporain suédois Gunner Wilhem Harling à des arbustes des îles Galápagos, un autre amour de Darwin. Ces arbustes appartiennent à l’immense famille des Astéracées (ou Composées), comme notre pâquerette. Plusieurs images sont disponibles sur le net, mais le site [7] apporte un plus que seul le web autorise : découvrir la flore des Galápagos en cyrillique ! (le Darwiniothamnus est en haut à gauche sur la page).
Le nom de Darwin a, bien sûr, été aussi utilisé pour de nombreux noms d’espèces. Pour cette recherche, le mieux est de s’adresser à L’IPNI, l’International Plant Name Index [8]. La page d’accueil est en anglais mais, en cliquant en haut à gauche sur « Search plant names », on arrive directement à un écran relativement facile. Une recherche permet alors de dénombrer 135 noms d’espèces contenant celui de Darwin : darwinii est le plus courant, mais il y a aussi darwiniana, darwinensis, darwinioides, etc. Une autre liste est disponible directement [9], signalant que, en 2007, une nouvelle espèce a été dédiée à Darwin, un astragale.
Hors de question de partir à la recherche de chacune de ces plantes, d’autant que plusieurs de ces noms ont sans doute été reconnus illégitimes ou inadéquats après leur publication. Trois plantes et, au travers d’elles, trois sites ont retenu l’attention. Drosera darwinensis est une plante carnivore du nord de l’Australie, où elle pousse sur des sables blancs temporairement engorgés d’eau. On peut en découvrir une image au sein d’une incroyable collection de photos de droséras [10], la passion soulève des montagnes et le net permet de la partager. Bien loin de là, mais toujours sur le chemin du Beagle, en Patagonie, pousse l’épine-vinette de Darwin. Le sud de l’Amérique du Sud est très riche en espèces de ce genre Berberis, beaucoup donnant un fruit délicieux (calafate). Berberis darwinii a séduit les horticulteurs européens et il est souvent proposé dans les catalogues. Une fiche est mise en ligne, avec plus de 800 autres, par le « Jardin en fleur, l’Encyclopédie » [11]. Cette encyclopédie en ligne, rédigée par des jardiniers et des amateurs éclairés, est également une ressource remarquable. La troisième plante s’appelait Eugenia darwinii, et un peu d’étymologie s’impose. En effet, Eugenia signifie littéralement le « vrai génie », ce qui, accolé à darwinii, constituait un bel hommage. Malheureusement, ce nom n’est plus utilisé, et la plante doit être nommée Amomyrtus luma. Découvrez cet arbuste chilien à [12], puis de là, pour finir ce surf sur un point d’orgue, remontez sur l’accueil (home) et partez pour un envoûtant voyage botanique.
Texte : Marc PHILIPPE