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La toile botanique n° 83
Le réseau ONEM

Améliorer les connaissances via une enquête participative, voilà l’ambition qui motive les animateurs du réseau ONEM : Observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens.

Les amateurs de nature sont trop souvent enfermés dans des structurations géographiques ou thématiques. Les échanges entre chercheurs, amateurs éclairés des associations ou individualistes, salariés menant des missions naturalistes au sein d’entreprises ou de collectivités sont trop rares et le manque de diffusion entraîne un éternel recommencement des investissements.
L’ONEM, c’est avant tout un outil d’échanges sur diverses thématiques liées à la connaissance de la nature, en zone méditerranéenne, en France. Prenons le cas de la diane et de ses plantes hôtes, les aristoloches (voir la rubrique détermination dans ce même numéro).
La diane est un papillon protégé à plusieurs échelles. Cependant de nombreuses questions se posent encore : Où vit-elle ? Est-elle en danger ? Quelle est sa répartition fine ? Quels types de gestion conservatoire peut-on mettre en place ? On peut lire, sur le site Internet du Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables, depuis le 12 février 2008 :
Dans les opérations d’aménagements, la méconnaissance des dispositions relatives à la protection des espèces conduit trop fréquemment à des précontentieux avec la Commission européenne. Pour contribuer à prévenir les cas soumis par la Commission à la Cour de Justice, le ministère a publié un jeu de fiches sur 19 espèces de papillons présentes en France.
Ces espèces sont inscrites à l’annexe IV de la directive « Habitats faune flore » : elles sont d’intérêt communautaire et nécessitent une protection stricte.
S’ensuit une fiche technique présentant la diane, sa biologie et son écologie, avec des recommandations de gestion. Seulement, comment un propriétaire ou une collectivité peuvent-ils savoir que la diane existe et qu’elle est présente en ce lieu ?
À travers une enquête interactive initiée en 2006, l’ONEM souhaite favoriser tout à la fois une meilleure connaissance de la répartition, stimuler le partage d’informations et mettre à disposition de tous une base de connaissances précises indispensables pour mener les actions de conservation.
L’enquête est proposée sur le site
http://diane.onem-france.org grâce à des outils Internet coopératifs.

Phase 1 : la collecte d’informations
En vous promenant dans les bois, vous observez quelques touffes d’aristoloches à feuilles rondes. Botaniste consciencieux, vous notez cette information dans votre calepin. Lecteur assidu de La Garance, votre curiosité vous conduit sur le site Internet de l’ONEM où vous trouvez sans difficulté un onglet « Carto Aristoloches ». Là, sous la carte déjà pleine de points verts, vous remplissez au mieux les cases du formulaire, poussant même le zèle jusqu’à rechercher les coordonnées géographiques (en degrés) sur le site de Géoportail : http://www.geoportail.fr/. Vous enregistrez votre contribution et la carte se met à jour.

Phase 2 : l’enregistrement et la validation des données
Vous l’avez remarquée : votre information est aussitôt mise en ligne. Pour autant, la facilité de participation ne garantit pas l’absence d’erreurs dans le rendu cartographique. Sans compter que des petits malins pourraient faire un essai mal venu, ou ajouter quelques commentaires grassouillets. Car le système collaboratif est en écriture libre : chacun peut écrire, modifier, commenter…
Chaque internaute peut avertir rapidement les animateurs de l’enquête qu’un problème est survenu : c’est la veille collective… Et même, avec un peu de pratique, l’internaute peut lui-même corriger une erreur ou un message de robot informatique. Et, en cas de coup dur, les responsables de l’enquête peuvent revenir à une version antérieure.
Mais quelle caution donner à une information ? Les membres du comité de pilotage de l’enquête ont la responsabilité de juger de la validité des données selon 3 principes.
Une information provient d’un observateur reconnu comme étant compétent en la matière, ou bien l’observation est bien documentée: elle est validée.
Une observation provient d’un observateur inconnu, mais elle rentre dans le cadre des connaissances (dates, lieux…), elle est donc validée. D’une part, elle n’apporte pas de nouveauté, mais une confirmation de ce qui est connu, d’autre part, en cas d’erreur, on considérera que cela fait partie des biais méthodologiques inhérents à toute étude. Cela ne remet pas en cause les résultats d’études pour peu que les auteurs en soient conscients et appliquent une certaine prudence quant aux interprétations.
L’observation est surprenante ou douteuse, hors période ou hors zone géographique connue : elle mérite d’être confirmée par l’auteur ou par d’autres observations. Selon le résultat, l’observation est invalidée ou fêtée comme apportant un nouvel élément de connaissance.

Phase 3 : la synthèse et le rendu
Le comité de pilotage compile les observations, en fait une synthèse, et celle-ci est mise à disposition de tous. C’est à la fois une valorisation des apports de chacun, et un stimulant pour poursuivre, car chaque synthèse est accompagnée de son lot de critiques et de nouvelles questions.

Des expérimentations de gestion…
L’association Gard Nature a signé une convention de gestion pluriannuelle concernant un terrain abritant la diane et une station comportant les 3 espèces méditerranéennes d’aristoloches. Au printemps 2008 l‘association a débuté une étude sur la population des dianes : les papillons sont capturés et certains carreaux de leurs ailes sont noircis pour les individualiser. Les premiers résultats sont là : les papillons volent environ 15 jours, restent à proximité de leur lieu de naissance, pondent sur Aristolochia rotunda… Les chenilles voraces vagabondent et changent régulièrement de pied d’aristoloche, passant parfois sur une aristoloche des vignes.
Retrouvez le programme d’activités et les comptes rendus sur Internet : http://pompignan.gard-nature.com, onglet « Pradinaux ».

Texte : Jean-Laurent HENTZ, président de l’ONEM
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