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Panier Vide

68pLa toile botanique n° 68
Entre flore alpine et troupeaux, Cyber-Garance sur l'Alpe

Malgré ce que pourraient faire croire certaines cartes postales, la verte couverture des alpages n'est pas qu'un faire-valoir pour les blancs flocons qui la parcourent, sonnailles au cou. C'est aussi des centaines d'espèces de plantes qui ont une vie plutôt dure, l'hiver sous la neige, l'été sous la dent des troupeaux. Le pâturage, cette mamelle de la France, a certes un impact bien réel sur la flore et sur sa diversité. Mais troupeaux, flore et paysages jouent en fait un jeu complexe, là-haut sur la montagne. L'absence de pâturage pourrait-elle être aussi préjudiciable à la flore que le surpâturage ? Quels indicateurs utiliser ? Le berger a-t-il un intérêt à préserver la diversité floristique ? La Garance vous propose une sélection de pages pour explorer la question, et découvrir, via les différents points de vue, quelques aspects de sa complexité.

Pour se faire plaisir, autant commencer par un petit rappel sur la flore alpine, joliment illustré à http://pageperso.aol.fr/danieldhal3/florealpine/. L'importante part des ultra-violets dans la lumière des montagnes rend les pigments des fleurs particulièrement intenses. De plus, la saison de végétation étant courte, les floraisons se concentrent au début de celle-ci, assurant une explosion spectaculaire de fleurs. C'est là-dessus qu'arrivent les troupeaux…
Une page du site du Parc national des Écrins présente une introduction sur ce problème (
www.ifrance.com/ecrins/botanic.htm), sans oublier l'impact d'un autre genre de troupeau : les promeneurs. Avant de déplorer celui du bétail, le randonneur se doit, en effet, de se poser la question de son propre impact, car des habitudes, comme celle de couper les lacets, peuvent être désastreuses.

Si on veut aller plus loin, plusieurs organismes offrent des pages à lire sur les effets du pâturage. Une bibliographie fournie est mise en ligne par le CIRVAL (Centre international de ressources et de valorisation de l'information des filières laitières petits ruminants) à
www.cirval.asso.fr/les_services/cataweb/pasto.html sur le pastoralisme et la conduite au pâturage des ovins et caprins. Le Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (http://perso.wanadoo.fr/.cerpam/page1.html) constitue également une ressource intéressante sur la question, et la Confédération paysanne présente des idées originales dans un article accessible à www.confederationpaysanne.fr/article.php3?id_article=71.
Un tour par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage à
www.oncfs.gouv.fr/events/game_wildlife/gw_1999/fr/resume14.php nous rappelle, en étudiant l'impact du pâturage ovin sur les populations de tétras-lyre, qu'une modification de la végétation induit aussi des effets sur la faune.
C'est d'ailleurs pour cela que l'Irlande a été condamnée par l'Europe ! Vous découvrirez à
http://europa.eu.int/smartapi/cgi/sga_doc?smartapi!celexplus!prod!CELEXnumdoc&lg=fr&numdoc=62000J0117 un arrêt de la cour de justice européenne condamnant l'Irlande pour la mauvaise gestion d'un site à lagopède des saules, le gouvernement de cet état n'ayant pas réussi à contrôler le surpâturage qui a détruit la couverture de callune nécessaire au lagopède.

Pour une petite pause plaisir des yeux télécharger un Pdf (1 Mo, en espagnol, mais les images sont en français !) à
www.juntadeandalucia.es/medioambiente/educacion_ambiental/Educam3/publicaciones/flora_amenazada_4_ 07.pdf pour découvrir la flore endémique (et menacée par le surpâturage ovin) de la Sierra Nevada.
Mais il ne faudrait pas croire que les problèmes de surpâturage soient l'apanage des alpages et de leurs troupeaux. Plusieurs parcs nationaux ont de sérieux problèmes lorsque les populations d'ongulés sauvages augmentent et/ou concentrent leur impact. Dans les Alpes, les chamois et les mouflons de Corse (espèce introduite) mettent localement en danger la flore.
Pour d'autres exemples démonstratifs, on peut charger un petit Pdf (138 Ko) bien intéressant sur des expériences menées dans le parc de Yellowstone à
uvalde.tamu.edu/rangel/oct00/alt.pdf (en anglais), ou visiter la page www.nps.gov/cuva/management/rmprojects/trillium.htm qui présente l'impact du cerf sur des populations de Trillium, une superbe fleur nord-américaine (en anglais aussi). Plus près de nous, dans la Cluse de Nantua (Ain), l'arrivée du lynx dans les années 1980 a fait éclater les hardes de chamois, bien moins nombreuses et plus mobiles aujourd'hui. La flore des corniches, incluant le rare daphné camélé, s'en est trouvée bien aise…
Il ne faudrait pas croire non plus que le problème du surpâturage par les troupeaux est une spécificité française : du Tibet
www.tibet-info.net/eco-tibet/ à l'Argentine www.aeet.org/ecosistemas/041/articulo3.htm, les mêmes causes engendrent les mêmes effets. Pour un aperçu de ce qui se fait au niveau international, une visite à http://lead-fr.virtualcentre.org/fr/frame.htm présente les activités du LEAD (Livestock, Environment And Development, c'est-à-dire « bétail, environnement et développement »), une initiative internationale qui analyse les interactions entre l'élevage et l'environnement afin de protéger et d'améliorer l'utilisation des ressources naturelles tout en luttant contre la pauvreté.

Plusieurs recherches sont menées pour optimiser la gestion de la flore et de la végétation par les troupeaux en montagne. L'article de Michel Lambertin (ce numéro) présente le cas d'un pâturage précoce. On essaie également d'associer pâturage et foresterie, c'est le sylvopastoralisme (
www.john-libbey-eurotext.fr/fr/revues/agro_biotech/agr/e-docs/00/00/EA/C0/article.md). Des expériences de pâturage mixte ovins et bovins sont conduites en Suisse (www.aramis-research.ch/d/758.html), mais aussi en Martinique, dans un contexte nettement plus intensif toutefois (www.acta.asso.fr/cr/cr9812.htm). L'une des structures qui a accumulé la plus longue expérience dans l'utilisation des troupeaux pour le maintien de la diversité floristique est le National Trust. Ce voisin d'outre-Manche met en ligne une intéressante synthèse à www.nationaltrust.org.uk/environment/html/nat_con/_fspapers/fs_grazing1.htm (en anglais).

Pour terminer sur une note gourmande, les recherches sur les liens entre flore et élevage s'intéressent aussi aux effets de celle-ci sur les qualités des fromages. On avait remarqué depuis longtemps le rôle du fenouil des Alpes (Meum athamanticum) sur le fromage. Mais découvrez à
www.inra.fr/presse/AVR97/c1.htm un communiqué de presse de l'INRA (1997) qui résume les recherches de l'impact de la flore sur la qualité du fromage, et où l'on met en évidence des différences de goût entre les fromages issus du même troupeau de race Abondance, nourri avec des herbages exposés soit au nord soit au sud !

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