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Panier Vide


67pLa toile botanique n° 67
Plantes et spiritualité sur la toile : journal de navigation

La toile n'a rien d'un Saint Suaire, et, si bien des images y sont visibles, toutes ne sont pas catholiques. Sur le thème « Plantes et spiritualité », les moteurs sortent des listes de sites bien fastidieuses à dépouiller, et l’on pourrait résumer le tout par « l'imagination au pouvoir ! » ou « le web c'est vraiment tout et n'importe quoi ». Fidèle à l'esprit Garance, ce journal de navigation papillonne de tous côtés, et s'il se réfère à titre documentaire à un site ésotérique, il conjure l'esprit critique de ses lecteurs de ne pas se laisser abuser.

Comme David Hume au XVIIIe siècle, on peut aborder la spiritualité sous l'angle d'une Histoire naturelle
www.ifrance.com/ReligionEtCommunication/Hume.html
Il faut alors se rappeler que, selon certaines hypothèses, l'hominisation se serait déroulée sous une contrainte écologique forte. Un climat devenu aride aurait isolé un groupe d'Hominidés dans les forêts galeries de l'Afrique tropicale. Ceux-ci se seraient nourris dans les savanes proches et réfugiés dans les forêts bordant les points d'eau. Certains affirment même que le langage se serait développé alors, comme un moyen de mémoriser les itinéraires entre les refuges (voir le chapitre sur Bruce Chatwin à :
www.moncelon.com/jlbedin.htm
Si c'est bien à ce stade qu'est apparue la conscience, indissociable du langage, alors la spiritualité est née au sein d'un paysage à la végétation contrastée, où la forêt constituait un refuge.
Une analogie remarquée depuis longtemps unit la forêt et le temple, comme l'a souligné Baudelaire dans ses Correspondances : « La Nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles »
voir à ce sujet l'étonnante discussion de Oui-Oui et Hibou
http://thevelho88.free.fr/fra/comm/COM16%20CORRESPS.txt
Laissons à des esprits doctes le soin de discuter ces élucubrations, pour remarquer que le bois sacré est un lieu de spiritualité que l'on retrouve dans un très grand nombre de cultures. Ces bois, ces « lucs » pour reprendre la vieille racine gauloise, ont beaucoup inspiré les créateurs de sites.
Vous apprendrez comment planter votre propre bois sacré dans une perspective réellement druidique à
www.druides.org/OBOD/plantingprog.htm
Syncrétisme oblige, allez voir en passant un des nombreux sites sur les bois sacrés de l'Afrique sub-saharienne qui prend pour cadre la Côte d'Ivoire ; passionnant.
http://perso.wanadoo.fr/paysage/jcf.htm
Et puis, si vous croyez que le bois sacré a disparu de notre quotidien, allons donc découvrir le rôle sacré du cyprès, vous verrez que cet arbre de nos cimetières est bien le symbole du bois sacré au sein duquel on abritait les ancêtres pour toujours.
http://dbaldesi.free.fr/Fr/poggi-1.htm
Ce bois sacré, merveilleux et parfait (pour l'homme !), n'est-il pas d'ailleurs le Paradis, origine mythique et refuge ultime ? Puisque le mot paradis est d'origine persane, un détour est nécessaire. On y apprend que « paradis » dérive du pairidaeza de l’Avesta (livre sacré du Zoroastre), terme qui représente un jardin comprenant de nombreux arbres, des plantes et des animaux. Ce mot fait donc à la base référence à une construction humaine (le jardin) que l'homme dans son éternel fantasme de démiurge essaie perpétuellement de faire ressembler au bois sacré originel. Si vous ne me croyez pas, allez donc voir les fenêtres de ma grand-mère (eh oui, son jardin à elle, ce sont ses appuis de fenêtre).
www.fravahr.org/Art/ESPACE-PERSAN/ESPACE%20PERSAN.php
Décidément la forêt, végétation normale d'une bonne partie de cette planète si l'homme ne lui faisait pas tant de misères, vit (probablement) naître la spiritualité et l'a profondément conditionnée.
Toujours sur ce même site, vraiment passionnant, on comprend comment la maison elle-même peut être une image de la forêt originelle : « Dans la maison traditionnelle persane quatre colonnes représentent les quatre éléments ».
L’ombre des colonnes, projetée au sol et sur les murs, indique aux habitants l’heure de la journée. Le côté nord de la maison est totalement fermé. Ceci provient du fait que, en Perse antique, on se protégeait ainsi du vent du Nord et des dives (démons). À l’occasion de la fête du nouvel an, chaque colonne est garnie de trois plantes symboliques différentes ; ce qui nous donne au total, le nombre de douze plantes, nombre sacré. « Dans l’Antiquité, il y avait autant de colonnes que de plantes ». Mystiques des nombres, des points cardinaux, des cycles annuels, tous les ingrédients sont là, dans cette région qui vit naître tout à la fois les langues indo-européennes, le néolithisme, les premières villes, et peut-être les « grands » monothéismes (Abraham est originaire du pays sumérien).
D'un point de vue strictement botanique, si la spiritualité est peut-être née de la forêt, certains de ses développements sont plutôt étonnants… ou du moins nettement métaphoriques : « Comparons l'homme à la fleur [...]. L'homme prend sa nourriture par la tête, d'où elle descend dans les parties inférieures du corps. La plante prend la sienne par les racines, d'où elle monte dans les parties supérieures. Chez l'homme, l'amour est passionnel, et les organes reproducteurs sont tournés vers la terre. Il les cache par honte, parce qu'ils sont entachés de passion. La plante ne connaît pas la passion ; chez elle, la fertilisation est accomplie de la manière la plus pure, la plus chaste imaginable, aussi tourne-t-elle vers le soleil son organe de reproduction, la fleur, dont la beauté ravit tous ceux qui la contemplent. L'homme passionné et déchu exhale l'acide carbonique mortel ; la chaste fleur inhale ce poison, le transmue et en fait un élixir de vie, pur doux et parfumé »
http://perso.wanadoo.fr/jean-paul.barriere/livres/initianc.htm
Le web est aussi l'occasion de dépasser notre nombrilisme occidental, et de découvrir d'autres relations entre plantes et spiritualité.
Un site passionnant sur les « cultures du rêve » révèle que des plantes, chez l'ethnie malaise des Sénoï, peuvent avoir une importance toute particulière : « Tout ennemi vaincu (qu'il soit végétal, animal, humain ou autre) est “transmuté” en rêve en une entité tutélaire, il demeure un ami et peut devenir un guide, un conseiller, un assistant.[...] Les grands chamans sénoï, eux, en possèdent un grand nombre, dont certains sont d'essence spéciale : esprit du tigre, ou d'une plante particulière, d'un rocher ou d'une cascade, par exemple ». Vous savez ce qu’il vous reste à faire la prochaine fois qu'un droséra fera irruption dans vos rêves !
http://florence.ghibellini.free.fr/revelucidea/thesemn4.html
Et puisque tout n'est que fumée, un dernier petit détour par la cérémonie du calumet s'impose, « La cérémonie du calumet est une grande réunion à laquelle président les anciens. Les participants se rassemblent en cercle. On enflamme une tresse de foin d'odeur (une des quatre plantes sacrées) et on la fait brûler comme de l'encens pour purifier les fidèles avant d'allumer le calumet. Le foin d'odeur qui brûle symbolise également l'unité, c'est-à-dire l'union des cœurs et des esprits dans un seul et même corps ». Ite missa est (la messe est dite).
www.rcmp.ca/ccaps/spirit_f.htm

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