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Panier Vide

77p

La toile botanique n° 77
Des envahisseuses sur le web !

Encore un titre racoleur ? Mais non, n'allez pas vous imaginer des dames court-vêtues et au look vaguement alien ; il s'agit bien de parler des plantes envahisseuses, ces plantes qui gagnent chaque jour un peu plus de place sur cette planète, au détriment d'une diversité déjà bien menacée.

 

Les plantes ont toujours eu une distribution variable, notamment sous l'influence des variations du climat. Les séquoias ont disparu de France au cours des glaciations, puis y sont revenus, aidés par l'homme, il est vrai. Avec leurs semences, les hommes du Néolithique ont introduit un grand nombre d'espèces compagnes des moissons, qui se sont insérées dans la flore locale. Certaines de ces espèces en ont peut-être éliminé d'autres, saura-t-on jamais ? Il est ainsi bien difficile aujourd'hui de distinguer les espèces indigènes des espèces introduites.
Par contre, depuis la révolution industrielle et l'intensification des échanges intercontinentaux, plusieurs plantes se sont mises à proliférer localement, puis à se comporter comme des envahisseuses (ou « invasives » disent certains) soit dans leur zone d'origine – car les activités humaines leur offraient alors des occasions de s'étendre – soit, le plus souvent, suite à une introduction dans une région nouvelle. La Garance a déjà consacré plusieurs articles à ce sujet, notamment le numéro thématique 48.
Les plantes génétiquement modifiées sont le nouvel avatar de ces plantes envahisseuses (voir l’article dans ce numéro) : ces chimères rêvées par le Progrès sont devenues une réalité à affronter pour les défenseurs de la diversité des plantes cultivées. C'est donc bien intentionnellement que sont associées ici plantes envahissantes et PGM, pour un petit tour sur le web.
Même si le web est par essence international, il est intéressant de regarder l'origine des pages francophones mises en ligne par des administrations sur le sujet des plantes envahissantes : plus de la moitié émane d'organisations suisses, belges ou canadiennes ! Nos voisins belges et helvètes donneraient-ils dans la xénophobie (comme certains qualifient les attaques sur les plantes envahissantes) ? Je pense plutôt que ce sont les administrations françaises qui donnent dans l'incurie. Pour vous faire une opinion, vous pouvez lire des dossiers bien faits, d'un niveau grand public [1, 2, 3, 4, 5] ou d'un niveau plus averti [6]. Le site de l'État de Genève [3] permet de télécharger des dépliants d'information sur une dizaine d'espèces. Celui de la Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages [6] offre une liste noire et une bonne collection de liens. Pour le Canada, un exposé didactique traitant à la fois de la faune et de la flore, mais peu illustré, est accessible à [7]. Il est intéressant d'y découvrir comment des espèces sans problème en Europe, comme notre salicaire, se comportent très mal à l'étranger.
Les administrations françaises sont donc bien absentes sur ce sujet important. Les initiatives sont à mettre au crédit de structures plutôt locales ou régionales. Le Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents permet de télécharger un guide intéressant, incluant la biologie de sept espèces, et les actes d'un colloque qui a eu lieu en 2005 à Nantes sur la gestion des espèces envahissantes [8]. Le Forum des marais atlantiques met en ligne un dossier documentaire avec des liens et une bibliographie fournie [9]. Plus centré sur la région méditerranéenne, Botanique.org fournit à [10] des listes de plantes envahissantes et à surveiller, mais ne donne guère plus d'information. Pour cette région, il faut aller visiter le site de l'Agence méditerranéenne de l'environnement à [11], où Sarah Brunel, du Conservatoire botanique national méditerranéen fournit un dossier clair et bien documenté, ainsi qu'une collection de liens d'un excellent niveau (anglophones pour la plupart). À noter le bel exposé sur la renouée du Japon par Diane Muzard, en ligne sur SpectroSciences [12], une initiative associative intéressante regroupant des scientifiques (professionnels et étudiants) pour une information scientifique de qualité sur le web. Enfin, pour une touche d'exotisme, on peut aller constater que le problème des plantes envahissantes est loin d'épargner les DOM-TOM, par exemple à la Réunion [13].
Si l'on se tourne maintenant vers les envahisseuses high-tech, il faut envoyer OGM sur son moteur de recherche (PGM ne donne pas grand-chose). Et là, bingo, plus de 8 millions et demi de pages sont indexées. Si vous voulez vous faire un avis objectif, cela va être difficile. Par contre, cette fois le gouvernement français est bien présent ! Vous pourrez le constater en visitant [14 ou 15], mais ne vous attendez pas à une information impartiale, il n'y a rien sur les risques de confiscation par brevetage du patrimoine génétique cultivé, les monopoles semenciers, ou la rémanence des transgènes dans les bactéries sauvages du sol (entre autres). Tout aussi instructif, un site [16] mis en ligne par les professionnels de la semence et de la protection des cultures (dont le GNIS – Groupement national interprofessionnel des semences et plants – sous tutelle du ministère de l'Agriculture) brille par l'absence d'argumentation contradictoire.
On comprend mieux de quel côté navigue le gouvernement et pourquoi l'État français vient d'être épinglé par l'Europe et doit payer la coquette somme de 38 millions d'euros d’amende et 360 000 € d'astreinte journalière pour n'avoir pas transcrit une directive européenne sur les OGM. Heureusement, il y a pour compléter votre information le site d'Inf'OGM [17] ou encore celui de Greenpeace et son dossier OGM [18] où vous déciderez peut-être de devenir « Détective OGM » [19].
Sus aux envahisseuses !

Texte : Marc PHILIPPE
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