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La toile botanique n° 88
Toi l'ethnobotanique>

 

numero 88

 

 

 

L’utilisation des plantes par l’homme n’est pas réduite au domaine alimentaire. L’ethnobotanique permet d’avoir une vision plus large des rapports que l’humanité entretient avec le monde végétal

L’ethnobotanique, étude des relations entre hommes et plantes, est née en 1895, ou du moins le mot fut-il forgé à cette époque, car hommes et plantes sont si intriqués que les réflexions à ce propos précèdent très probablement la période historique. Vos moteurs de recherches préférés et vos habituelles encyclopédies en ligne vous donneront de nombreuses informations sur ce sujet. La navigation d’aujourd’hui vous propose, après une mise en perspective, d’aborder de façon toujours aussi cybernétique que subjective une sélection de liens sur trois points : les jardins, les formations, et les textes.

L’ethnobotanique française occupe une place honorable au niveau international. L’une de nos grandes pointures nationales est Pierre Lieutaghi. Dans son texte intitulé L’ethnobotanique au péril du gazon, il a utilisé en exergue cette superbe citation d’André-Georges Haudricourt (à découvrir sur [1]) : « Les rapports de l’homme avec la nature sont infiniment plus importants que la forme de son crâne ou la couleur de sa peau pour expliquer son comportement et l’histoire sociale qu’il traduit ». Le texte d’Haudricourt paru dans la revue L’Homme en 1962 (à télécharger sur [2]) et celui de Lieutaghi édité dans la revue Terrain en 1983 (à télécharger sur [3]), sont tous deux denses, brillants, d’une intelligence et d’une érudition rares. À eux deux, ils nous en apprennent plus sur l’ethnobotanique que bien des pages de traités car, comme le dit joliment Lieutaghi, « L’ethnobotanique est bien plus que l’histoire de l’homme lue entre les feuilles ».

L’une des réalisations phares de l’ethnobotanique est celle de jardins, et la lecture de ce numéro de La Garance voyageuse vous aura sans doute convaincu(e) que le jardin est un des lits favoris de ces amours entre hommes et plantes. Les jardins ethnobotaniques ne sont pas rares et il fallait bien sélectionner ; alors ont été choisis ceux de La Gardie, à Rousson, dans le Gard [4]. J’aime aussi beaucoup celui de la Chartreuse d’Arvières, dans l’Ain, et même si son site (web) n’est pas à jour [5], le jardin existe bien et dans un site (naturel) splendide. Les amateurs de dépaysement pourront préférer celui de Cordoue [6], au sein d’un des plus vieux jardins botaniques européens, ou encore l’exotisme du jardin d’Eden de La Réunion [7].

Comme ces lectures vous donneront probablement l’envie d’aller plus loin, deux possibilités s’offrent à vous : sortir et ouvrir grand vos oreilles pour entendre ceux qui ont su rester à l’écoute de ce qui les entoure, qui ont su préserver une connaissance séculaire des plantes et la cultiver sans se préoccuper de Savoir et de Science ; ou bien, au contraire, rejoindre ces savants qui construisent la science ethnobotanique. Les deux ne sont pas incompatibles et dans les deux cas une formation vous aidera. Celle de l’université de Lille-2 est bien connue [8] ; celle de François Couplan, qui a contribué au voyage de La Garance en tant qu’auteur, est plus récente [9].

Pour compléter cette navigation, trois textes bien différents sont téléchargeables sur le Net. Le premier [10] traite du calebassier d’Amérique tropicale. Paru en 1910 dans le Journal de la Société des Américanistes, il illustre l’approche un peu encyclopédique et érudite qui prévalait à l’époque. Il reste cependant factuel et semble dépourvu de la suffisance ethnocentrique si fréquente alors. Le deuxième [11] est un article scientifique récent (2007) décrivant et analysant l’utilisation des plantes par la population locale dans la province d’Essaouira (Maroc). Si sa forme sacrifie nettement plus à ce que l’on appelle aujourd’hui les « sciences dures », son fond conserve le souci d’une lecture large et sociale de l’utilisation des plantes. Le troisième texte se devait d’être cyber [12] : de l’étymologie aux coutumes en passant par les usages, ce site présente un joli florilège d’ethnobotanique amateur en Artois. De tels sites sont nombreux et, s’ils ne relèvent pas toujours de l’érudition du premier texte ou de la forme rigoureuse du deuxième, ils pourraient constituer un moyen intéressant de sauver en partie de l’oubli, auquel elles semblent si irrémédiablement condamnées, les utilisations et les traditions liées aux plantes.

Texte : Marc PHILIPPE


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