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La toile botanique n° 95
L'année internationale de la forêt, sur le web, côté officiel

 

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Quels sont les discours sur la forêt diffusés par les sites ayant « pignon sur web » ?

L’année 2011 a été très officiellement déclarée « année internationale de la forêt ». Quoique poussant plutôt dans les haies, La Garance voyageuse adore les forêts, c’est certain, et elle a eu plusieurs fois l’occasion de partager avec vous, lecteurs, cet amour.

Mais voilà, La Garance est aussi une plante grattouilleuse, parfois dérangeante pour certains. Elle ne se plaît guère dans les discours officiels, et l’envie lui a pris d’aller un peu explorer le web avec un œil critique. Alors que, d’habitude, elle s’attache surtout à faire découvrir des sites peu connus et plutôt riches en contenu, cette fois elle est allée voir surtout du côté des discours « zofficiels ».

L’entrée sera évidemment pour THE site [1], celui où les Nations Unies présentent cette International Year of Forest : pléthore de discours cravatés, agenda international et images superbes avec en prime un film de Yann Arthus-Bertrand (7' 34") à télécharger, c’est magnifique, mais ça ne sent pas beaucoup l’humus.

Comme le site précédent est tout en anglais, glissons notre pointeur vers [2], le site officiel du gouvernement français. Là aussi des vidéos, des constats chiffrés, des pages à l’esthétique irréprochable, semblant plus sortir d’un salon de beauté que d’un taillis. Eh oui, la cyber-communication s’est professionnalisée, fini le temps où même les sites ministériels ressemblaient à des blogs.

On peut, dès lors, avoir envie d’aller voir comment les associations se sont emparées du sujet. Du côté d’une certaine « bande des quatre », appellation malicieusement décernée il y a peu par un journaliste iconoclaste, la communication pour trois d’entre eux reste splendide. Le Wwf a sa page dédiée [3], alors que la Fondation Nicolas Hulot est plus brève [4]. Fne, une fédération à laquelle adhère La Garance, est tout aussi professionnelle [5], quoiqu’elle offre plus de dossiers et de fond. Mais à visiter tous ces sites, on peut avoir une impression d’uniformité : même façon de présenter des accroches chiffrées, même impression de déjà-entendu, même soin à ne pas pointer trop âprement les responsabilités… sans parler des fenêtres intempestives qui rappellent fort les désagréments du marketing direct.

Au niveau international, le constat est bien semblable, voir par exemple le site de Rainforest Action Network [6] et son étonnant slogan : « Si un arbre tombe dans la forêt, nous faisons du bruit ». En bref, un monde un peu étrange, à base de constats tranchés s’appuyant sur des chiffres marquants. Mais, justement, grattons un peu ; côté communication officielle, le Ministère de l’agriculture annonce [7] que : « En France… la superficie forestière a augmenté de 50 % depuis 1950 », alors qu’une école de foresterie [8] affirme, elle, que : « La forêt française n’est pas en péril… sa surface à (sic) doublé depuis deux siècles, et augmenté de 35 % depuis 1945 ». Le pire, c’est que les deux ont peut-être raison, selon la façon dont ils définissent la forêt. Un exemple qui montre bien qu’il faut rester très prudent, surtout devant l’apparente objectivité des discours chiffrés. Tous ces chiffres que l’on nous assène pourraient bien cacher l’essentiel : il faut voir la forêt avec le cœur.

Le Cirad relaie lui aussi l’année de la forêt [9], avec une culture nettement plus scientifique cependant, et les nombreux dossiers proposés au téléchargement sont intéressants. Après ces rapports consistants, on peut toujours se changer les idées avec une curieuse vidéo, mise en ligne il y a quelques années par le Wwf [10]. Bien qu’y soit cultivé un anthropocentrisme déplacé, il y est clair que les forêts sont des lieux sensuels, dangereux pour une société policée, à détruire de toute urgence, à vider de ces sauvages arriérés qui la voient encore comme un jardin nourricier pour faire du développement, mais attention durable-vert-éthique, hein !

Pour finir, La Garance vous propose de prendre connaissance du devenir du projet de film sur les forêts tropicales de Francis Hallé [11], un projet qu’elle soutient.

Texte : Marc Philippe

 

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