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Panier Vide

St Germain, le 29 juillet 2009

Objet : Les balcons du Mercantour


à M. Ciotti, président du Parc National du Mercantour

Monsieur,

Nos inquiétudes au sujet du projet « les Balcons du Mercantour »
En août 2008, l’ouverture d’un chantier de terrassement dans le Parc national du Mercantour, première étape pour créer un itinéraire touristique de randonnée, et ceci au mépris des lois et de toutes les règles de gestion du Parc, a provoqué une levée de boucliers. La Garance voyageuse s'est jointe aux protestations car : 1) des plantes protégées avaient été détruites en plein parc national, dont l'emblématique Saxifraga florulenta ; 2) le projet complet, dit « Les Balcons du Mercantour », n’était pas compatible avec le respect de l'environnement alpin (paysages, flore et sols) ; 3) le projet avançait dans l'opacité, en l'absence de concertation et sans respecter les préconisations du conseil scientifique du Parc national.
Où en est ce projet en juillet 2009?
Vous avez été nommé président du Parc du Mercantour en juillet 2009 et avez annoncé que le projet restait en discussion.
En tant qu’association de protection du monde végétal, La Garance voyageuse est très inquiète pour l’avenir du parc. Des espèces protégées ont déjà été détruites pendant les travaux de terrassement entre le refuge de Rabuons et le lac de Lagonot (vallée de la Tinée). Bien que la constatation en ait été faite par des agents du Parc et de l’ONF, ces destructions en infraction évidente avec la loi n’ont, à ce jour, toujours pas été punies. Le plus grand brouillard entoure la suite des évènements.
La Garance voyageuse s’adresse à vous, nouveau Président du parc, pour réclamer l’application de la loi à l’encontre des délits commis en 2008 et la protection effective des espèces protégées menacées par ce projet, en particulier
Saxifraga florulenta, Primula marginata, Jovibarba allionii, Cardamine asarifolia, Androsace vandellii et Gnaphalium uliginosum inventoriées sur le parcours.
Nous espérons que vous aurez à cœur de promouvoir le rôle primordial du Parc du Mercantour qui est d’être une zone de protection de la nature.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.
Pour La Garance voyageuse, son Président


Janvier 2009 - Les « balcons » du Mercantour : la suite du projet

En août 2008, l’annonce de l’ouverture d’un gigantesque chantier dans le Parc national du Mercantour pour créer un itinéraire touristique de randonnée, et ceci au mépris des lois et de toutes les règles de gestion du Parc, avait provoqué une levée de boucliers. Les travaux de terrassement avaient été arrêtés mais probablement plus en raison de l’arrivée de l’hiver qu’en raison d’un changement d’état d’esprit. À l’époque, La Garance voyageuse s’était jointe au Collectif vigilance Mercantour pour protester contre ce projet illégal et destructeur, en particulier d’espèces végétales protégées.
Aujourd’hui le président du conseil général a changé, le président du Parc aussi et des annonces apaisantes ont été transmises à la presse, la concertation serait donc de mise.

Le collectif Vigilance Mercantour annonce l’abandon du projet mais, hélas, il semble qu’il ne faut pas crier victoire trop tôt. Dans une interview de Nice-Matin du 4 janvier, on peut lire que le nouveau président du conseil général, M. Ciotti, n’a pas abandonné l’idée de créer de nouveaux refuges, il considère que c’est « une piste de réflexion » et ne trouve pas que les travaux qui ont eu lieu menacent la biodiversité.
Le Monde
du 24 janvier, rendant compte de la réunion du 23 janvier 2009, cite des déclarations apaisantes qui ont été comprises comme signalant l‘abandon du projet initial, mais pour MM. Estrosi (maire de Nice) et Ciotti l’élaboration d’un projet d’aménagement touristique de haute montagne est toujours à l’ordre du jour, même s’ils cherchent maintenant à le développer dans le dialogue.
Nous devons donc rester vigilants devant ce projet qui, même sous une autre forme, n’a finalement pour but qu’un intérêt économique, et qui ridiculise la notion de protection et cherche à couvrir la destruction de la nature par l’approbation d’un comité de concertation à la composition pour le moins arbitraire.
Le CEEP de Provence-Côte d’Azur n’est pas du tout satisfait de la tournure des événements, il ne s’assoira pas à la table des négociations et considère qu’il ne s’agit que d’une nouvelle façon de présenter un projet destructeur ; de plus, une plainte pour « destruction d’espèces végétales protégées » a été déposée. MvP

 

 


Septembre 2008 - le Conseil scientifique du Parc manifeste son inquiétude devant l'irrégularité de la situation en publiant la motion suivante :

Réuni en séance plénière le 24 septembre 2008, à St Etienne de Tinée, le Conseil scientifique du Parc national du Mercantour a souhaité exprimer son point de vue sur le projet présenté récemment à la presse par le Conseil Général des Alpes-Maritimes et baptisé « Les Balcons du Mercantour ».
Ne disposant pas d'informations suffisantes sur le contenu et la forme de ce projet, il n'a pu se prononcer que sur des questions de principe. Dès le mois de novembre 2007 le conseil avait recommandé à la direction du parc d'être une force de proposition, n'ayant pas d'opposition de principe aux activités de randonnée pédestre.
Il avait rappelé que le coeur du parc représente un patrimoine naturel et culturel exceptionnel et qu'il fallait veiller à ce que toute activité nouvelle, surtout associée à des aménagements le respecte, conformément aux principes fondamentaux des parcs nationaux tels qu'ils ont été définis dans l'arrêté ministériel du 23 février 2007.
C'est pourquoi le conseil avait invité la direction du parc à étudier, avec les services du Conseil Général, des itinéraires alternatifs au tracé initialement proposé avec pour objectif de valoriser le patrimoine du massif tout en minimisant les impacts sur l'environnement et en préservant les témoignages du passé. Il s'interroge sur les raisons qui ont conduit le Conseil Général à ne pas retenir les variantes qui ont été examinées entre ses services et ceux du parc de l'été 2007 au printemps 2008. Il demande à être informé de ces raisons ainsi que de l'état du dossier. Il s'étonne de la rapidité avec laquelle des travaux ont été entrepris, dans l'état actuel de ses connaissances, sans consultation des instances compétentes. Il s'inquiète des conséquences des travaux entrepris sur les milieux (stabilité des sols, dérangements, destruction d'espèces et d'habitats…)
Il rappelle, si besoin est, que les aménagements susceptibles d'avoir un impact sur les espèces protégées hors du coeur de parc doivent faire l'objet d'une étude d'impact et que dans le coeur du parc, ils doivent faire l'objet d'une étude d'incidence au titre de Natura 2000 avant même la demande d'autorisation à la direction du parc. A ce sujet, il rappelle que la loi interdit les travaux, constructions et installations dans le coeur des parcs nationaux. Les dérogations à cette interdiction générale ne peuvent intervenir sans consultations. Lorsqu'il s'agit de constructions, elles ne peuvent être qu'exceptionnelles, après consultation du conseil scientifique, du conseil national de protection de la nature et du comité interministériel des parcs nationaux.

En l'état actuel des éléments du dossier en sa possession, le conseil scientifique demande :
1/ que toutes les procédures réglementaires soient respectées dans le coeur comme dans l'aire optimale d'adhésion ;
2/ que les aménagements prévus préservent et valorisent les patrimoines naturel et culturel conformément aux principes fondamentaux des parcs nationaux et aux axes stratégiques de la future charte du Parc national du Mercantour adoptés par le conseil d'administration de l'établissement ;
3/ que l'itinéraire privilégie l'existant (sentiers, refuges, hameaux, …) en améliorant l'accueil et s'appuie sur le caractère transfrontalier du massif ;
4/ que le projet touristique soit précisé : quelle clientèle ? quel flux de visiteurs escompté ? quelles modalités d'exploitation ? quelles retombées économiques locales ?

 


Août 2008 - Un grand projet baptisé « Les balcons du Mercantour »
a été décidé par le Conseil général des Alpes-Maritimes. Il prévoit de créer un itinéraire de randonnée de haute altitude de 140 km divisé en 12 étapes (avec 12 hébergements dont 7 existent déjà mais seront réhabilités).
Les premiers travaux en périphérie immédiate du Parc ont démarré. Mais ce projet touristique, qui engendrera une surfréquentation du Parc, est en contradiction avec la mission protectrice d’un Parc national. Sa mise en place engendrera de nombreuses nuisances pour l’environnement :
- la piste aura 2 m de largeur et 5 hébergements neufs seront construits pour permettre « l’accès à la montagne au plus grand nombre »,
- des pelleteuses amenées par hélicoptères et des explosifs sont utilisés et quid de la gestion de l’eau et des déchets dans les futurs « supergîtes » ?
Ce projet est d’autant plus inutile que « la Traversée du Mercantour » existe déjà dans le catalogue Randoxygène du même Conseil général, avec une portion passant dans le Piémont italien.
Le Parc, consulté en amont, a fait des propositions plus respectueuses de l’environnement qui n’ont malheureusement pas été retenues par le Conseil général. ChD

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